Les bouddhas du Shandong, au musée Cernuschi
Sérénité, regard intérieur, hiératisme serein des postures.....
Le musée Cernuschi présente - jusqu'au 3 janvier prochain - un superbe ensemble de statues du VIème siècle provenant du musée de Quingzhou, province du Chantung (comme on disait autrefois !)
Découvertes fortuitement dans une fosse ouverte à l'occasion de grands travaux en 1996, ces statues proviennent d'un temple dont la localisation s'est perdue. Elles ont été pieusement enterrées après avoir été brisées (un tremblement de terre, peut-être ?) et dont donc d'une incroyable cohérence stylistique : toutes différentes dans les postures, les ornements, les attitudes, mais toutes représentatives d'un art statuaire porté à son sommet, et dans un modelé de visages intacts et parfaits.
Les panneaux d'explication de la progression du bouddhisme en Chine sont parfaitement clairs : voilà une leçon d'histoire bien utile à celui qui veut "voir" au-delà des images.
Drapés subtils moulant des corps asexués, sourires de contentement intérieur et de contemplation, traces de dorure et de polychromie, auréoles "d'anges musiciens"...l'influence de l'Inde du Gandhara (déjà au contact des drapés de la Grèce antique) est perceptible jusquà ce bout du continent. Les triades - un Bouddha flanqué de deux bodhisattvas plus petits qui l'assistent - donnent ici une image de paix universelle.
A l'époque où les peuples d'Europe connaissent le chaos, la Chine nous donne à admirer un art époustouflant. Croyez-moi, les silhouettes de ces Bouddhas souriants et bénissants vous poursuivront longtemps dans votre sommeil !
Musée Cernuschi, 7 avenue Vélasquez (111-113 boulevard Malesherbes), fermé le lundi.