Donc le Professeur Desmond Bates, atteint d’une surdité qui le met dans des situations impossibles, et visé par une réforme universitaire, a accepté une préretraite (à 61 ans, on est ici dans un pays sérieux). Il est néanmoins très occupé, par la lecture du Guardian (le Monde d’Outre-Manche), la préparation de petits plats pour son épouse, commerçante efficace et comblée, la direction d’une seule thèse de doctorat au sujet légèrement glaçant, et l’attention portée à son vieux Père, 89 ans, ancien trompettiste et chanteur de charme pour bals de noces et barmitsvas.
Une nouvelle critique littéraire de Claude, que j'ai vu se gondoler - avec l'aide d'un dictionnaire Harrap's tout de même - en lisant ce livre en anglais dans le texte, en attendant qu'il soit disponible dans notre langue.
(Roman, par David Lodge - £12,99 au Royaume Uni et 27 € au malheureux Royaume de France !)

« Deaf sentence » (condamné à la surdité), ce titre est un jeu de mots intraduisible avec pour référence, « death sentence », sentence de mort. C’est le 14ème roman de David Lodge, irrésistible auteur de « Out of the shelter », « Changing places », " Small world ”, ou « Therapy » (tous traduits en français).
L’action se situe toujours dans le monde privilégié des universitaires britanniques (qui sélectionnent soigneusement un nombre d’étudiants compatible avec leurs moyens) ; mais, comme dans l’un des derniers Julian Barnes, « The lemon table », ce roman parle de la retraite, ainsi que des troisième et quatrième âges, et de leurs petites et grandes misères. Curieux d’ailleurs que seuls les romanciers anglais, nourris au lait du réalisme, abordent actuellement ce problème angoissant des Européens…
A lire absolument, pour qui aime les contes philosophiques, et rire en pleurant ; le langage est toujours aussi lumineux, et la traduction française ne saurait tarder.