L'autre loi, polar de Valerio Varesi
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Décidément, j’apprécie de plus en plus la littérature policière italienne.
Après Camilleri et Pulixi, voici donc Valerio Varesi et son incontournable « Maigret » italien, le commissaire Franco Soneri et son inséparable fiancée, l’avocate Angela qui veille sur sa santé.
Comme dans les précédents épisodes, le décor joue un rôle essentiel. Non pas autour du fleuve cette fois, mais sur les routes enneigées qui grimpent en lacets les pentes de l’Appenin, les brumes omniprésentes, le blizzard qui vous cisaille le visage comme autant de minuscules poignards. Parme aussi, ville qui connut une période industrielle aujourd’hui réduite à l’état de friches où squattent toutes les pauvretés. Et en particulier les immigrés maghrébins, honnis et redoutés par la population locale.
Entre imams radicaux venus prêcher la guerre sainte et groupes d’autodéfense armés qui patrouillent en 4x4, le commissaire est en charge de plusieurs meurtres : s’agit-il de contrôle de points de deal, ou d'autres trafics ? La ville est à cran, des échauffourées éclatent. On relève plusieurs blessés.
Personne ne parle … Qui a fracassé la tête d’Hamed, ce jeune Tunisien hébergé par un vieil aveugle en échange de menus services, pourquoi un autre Arabe, blessé et soigné à l’hôpital s’en est échappé pour aller se suicider en pleine montagne, quel rôle joue le médecin généraliste Abdel Ouita pourtant si bien intégré ?
Au-delà de la trame policière, ce roman décrit très finement l’état de la société italienne, confrontée à une poussée migratoire qu’elle ne parvient pas – ou refuse – de considérer comme un fait. La droitisation croissante de la majorité de la population, encouragée par des philosophes autoproclamés au discours néo-fasciste, suscite un rejet devant cette présence étrangère rétive à ses modes de sociabilité et encline à pratiquer des trafics qui ne sont pas toujours uniquement motivés par la survie. La haine et le rejet sont réciproques.
Soneri, fils de partisan, bute douloureusement sur l’évolution politique de ses contemporains, qui semble sans issue.
Hélas, "la gauche bien-pensante , c'est comme la philosophie scolastique qui répète jusqu'à l'obsession les vieux concepts désormais dépassés en stigmatisant les autres comme hérétiques." Une réflexion tout à fait transposable à notre pays !
Dans cette enquête foisonnante, toutes les pistes qu’il ouvre se terminent en queue de poisson. Même les témoins qui semblent fiables s’avèrent des planches pourries. Mais heureusement, il trouve le réconfort auprès de sa douce amie … et dans la cuisine pantagruélique de l’auberge de Tizzano et ses merveilleux anolini …
L’autre loi - La legge del Corano – traduit de l’italien par Gérard Lecas, Agullo Editions, 438 p., 22,90€