Scène de la vie quotidienne : les courses à l’hypermarché Leclerc de Montayral …

Anne-Christine m’accompagne. Nous remplissons deux petits caddies en plastique et nous plaçons juste derrière un jeune homme bien bâti qui termine de poser ses achats sur le tapis roulant. Nous installons nos provisions juste derrière le taquet « client suivant » et en mettons un autre à la fin de nos articles. La caissière commence à enregistrer le client qui nous précède. Pour un samedi après-midi, il n’y a pas trop de monde.

Soudain, un homme d’une soixantaine d’années survient et d’un ton rogue et revendicatif s’adresse à Anne-Christine : « c’est une caisse prioritaire, vous êtes handicapée ? » Elle répond aussitôt, surprise d’une telle agressivité : moi non mais ma mère l’est.

L’autre s’emporte : Vous avez la carte ? … et de sortir un document de son sac à provisions.

Furieuse de cette incivilité totalement gratuite, ma fille lui adjoint de baisser d’un ton, de ne pas être aussi violent en paroles, repousse néanmoins vers l’arrière nos achats sur le tapis roulant et lui dit de passer devant avec ses affaires. Elle lui dit qu’il est inadmissible de s’en prendre ainsi à deux femmes qui font leurs courses ou au personnel qui fait son travail, (ma maman à moi aurait dit qu’elle lui a « volé dans les plumes ») en criant aussi fort que lui, sans jamais utiliser un seul gros mot.

Il ne se calme pas pour autant, vitupère, « Alors voilà ce que c’est la France aujourd’hui … etc, etc … », prend à témoin toute l’assistance, avertit qu’il va se plaindre au directeur du magasin, jusqu’à ce qu’apparaisse une jeune femme agent de sécurité qui commence à tenter de l’apaiser, difficilement. Une vraie pro de la négociation, pas plus d’1,55m de hauteur mais déterminée.

Finalement, l’homme continuant de protester, il arrête toute la file jusqu’à ce qu’on lui demande de payer ses achats et de dégager … lui qui déclarait ne pas pouvoir rester debout plus d’un quart d’heure, il aura bien perdu 20 minutes avant même de payer ses achats.

Bien. Nous avons apprécié la maîtrise du conflit par l’agente de sécurité, certainement bien formée à cet exercice. Ensuite, elle nous a expliqué la règle de ces caisses prioritaires.

Ces caisses dites prioritaires ne sont pas réservées aux personnes pouvant justifier d’un handicap. Si un client valide a déposé tous ses articles sur le tapis roulant, et qu’il s’est formé une file d’attente derrière lui, une personne en situation de handicap peut remonter la file et se placer juste derrière ce client engagé, mais en aucun cas lui griller la politesse. Nous n’étions donc en aucune façon en contravention avec cette règle … et ce monsieur était un goujat.

Félicitations à la jeune fille pour sa capacité à canaliser la violence.