Avant la fin de l’année, une autre élection peut ébranler le monde occidental.

J’ai regardé attentivement les cérémonies du 6 juin 1944 et, plus spécialement, l’allocution de Joe Biden, 81 ans.

Le Président a parlé sans prompteur, sans lire ses notes, et sans bafouiller. Cet homme est vieux, c’est un fait, mais il n’est pas encore bon à mettre sur la touche … Quant à son challenger …

En cours de lecture d’une histoire de l’Italie (1024 p. hors notes), rédigée avec talent par Pierre Milza, je tombe sur la biographie du vieux Doge de Venise, Enrico Dandolo … né en 1107, mort en 1205. Quand on imagine l’espérance de vie moyenne en ce XIIème siècle, on n’ose y croire.

C’est l’époque de l’antagonisme séculaire entre l’empereur germanique et la papauté pour la suprématie du monde connu, entre Frédéric II et Innocent III, entre guelfes partisans du pape et gibelins partisans de l’empereur. Celle des croisades aussi, pour libérer les lieux saints des Turcs. La quatrième est programmée.

41^ème Doge de la Sérénissime, juriste et diplomate, Enrico Dandolo fut élu en 1192 à l’âge de 85 ans, alors même qu’à la suite d’un coup sur la tête il avait perdu la vue en 1176. Ses électeurs pensaient qu’il mourrait bientôt …

A 93 ans, ce dirigeant politique retors va conduire les vénitiens à l’assaut, après s’être emparé de la ville de Zadar avec l’armée des croisés – la reconquête de Zardar était un deal pour obtenir un délai de paiement du transfert des croisés par la flotte vénitienne - et surtout avant de mettre à sac Constantinople, la capitale byzantine en 1203, un détournement de l’objectif de Jérusalem. Dandolo y mourra bientôt et sera enterré dans la cathédrale Sainte Sophie.

Je me souviens d'avoir failli marcher sur sa stèle lors de ma visite en cet édifice extraordinaire.

« Grâce au vieux condottiere vénitien qui meurt sur place, la cité de la lagune s’est assurée pour deux siècles l’hégémonie maritime et commerciale en Méditerranée orientale. »

Pas si mal pour un « vieux » !