L'affaire FAREWELL, de Ch. Carion : du carton-pâte
La critique de Claude
Un film en carton-pâte, des acteurs perdus, même Kusturica,
qui semble être habitué à des breuvages plus forts, et surtout Guillaume Canet,
transparent comme à l’habitude. Quant aux deux malheureux qui incarnent les
Présidents Mitterrand et Reagan, ils devraient faire rire, si le public avait
deux sous de sens critique. D’ailleurs, le film donne souvent envie de rire,
sauf les décors et la photographie, qui sont à pleurer.
Mais le pire, ce sont les invraisemblances, si coutumières
à notre cinéma français – paresse ? économies sur les effectifs ? Ainsi, quelques minutes après qu’une babouchka espionne ait courageusement
prévenu le « héros » français que son logement était écouté, ce
pauvre garçon révèle à sa femme, dans le même appartement, des secrets d’Etat.
Et bien sûr, les rendez-vous cousus de fil blanc – ou rouge - d’un ingénieur
français de l’Armement avec un colonel
du KGB dans les squares et parcs moscovites auraient été sanctionnés, en quelques jours,
par deux allers simples pour la Yakoutie, sans option chauffage.
On sort de ce film avec l’impression que cette affaire n’a
eu d’autre but que de montrer un Mitterrand patriote – cf Verbatim de Jacques Attali et mémoires de Roland Dumas - et que les
Américains ont eu bien raison de ne pas mordre à l’hameçon. Ou Farewell était
un simple alcoolo-mythomane, comme le dit sa bio sur Wikipedia, ou c’était un
montage du KGB pour mettre « la discorde chez l’Ennemi », méthode
usuelle des services secrets, que l’on devine même dans l’actualité la plus
brulante…
Mon grain de sel ? Un film affligeant, mais au moins de dure-t-il qu'1h 53. Seules les deux actrices (Alexandra Maria Lara et Ingeborga Dapkunaite) qui jouent les épouses et Niels Arestrup, cauteleux Directeur de la DST, le jeune Igor aussi (Yevgeni Kharlanov) tirent leur épingle du jeu. Mais cela ne vaut pas les 20,40€.