Je concède tout de suite : le style, la construction, les personnages sont excellents. Mais en définitive, je prends cet ouvrage comme un exercice de style, brillant, fait pour créer le buzz … et c’est tout. Je n’ai pas marché un seul instant.

L’histoire est naturellement oulipesque. C’est le propre de la science-fiction mais autant je l’apprécie chez Edgar P. Jacobs avec mes héros préférés Blake (tiens, tiens …) et Mortimer, autant là, comme un cheval devant l’obstacle, je renâcle.

Sans doute ai-je lu trop vite, sans saisir toutes les allusions et références littéraires, mathématiques, philosophiques, religieuses, cinématographiques et télévisuelles qui fourmillent dans ce roman d’anticipation – de si peu de mois puisqu'en juin 2021, Trump est toujours au pouvoir … - la réalité dément la fiction cette fois.

Une occasion sans doute de faire réfléchir les lecteurs sur des questionnements éthiques … pourquoi pas ! Une mise en abîme du sort de l’écrivain et des sources de son succès ? Un succédané de Marc Lévy comme « Et si c’était vrai ? »

Et aussi une accumulation de références, et de clins d’oeils complices, en particulier avec les noms des personnages : au hasard, car je ne les ai pas tous mémorisés, je relève : Wayne (John ?), Brewster (Paget ?), Vannier (Jean), Markle (Megan ?), Pudlowski (Gilles ?), Balmer (Jean-François) …

Ce sera certainement bientôt le sujet d’une série américaine à succès sur Netflix, n’en doutons pas … avec onze personnages qu’il ne sera pas besoin de payer deux fois, les effets spéciaux numériques savent parfaitement réaliser ce genre de séquence …

Comme son personnage principal, un auteur jusqu’ici confidentiel devient soudain culte (le livre est déjà n°1 des ventes chez Amazon). Je m’en réjouis pour lui très sincèrement. Mais je reste sur ma faim.

L’anomalie, roman d’anticipation de Hervé Le Tellier, Prix Goncourt 2020, NRF Collection blanche de Gallimard, 330 p., 20€