Liberté, égalité, fraternité ? Encore un effort !
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Trois mots figurant au fronton de tous nos édifices publics, la devise de la France, reflet de la déclaration des Droits humains de 1789 et devise de la France inscrite dans les Constitutions de 1946 et 1958 …
Depuis que j’ai le loisir de poursuivre mon éducation historique, j’ai pu mesurer ce que la Révolution avait apporté de concret à l’ensemble du peuple à travers ces trois concepts : liberté de s’exprimer à travers les représentants élus, égalité de traitement devant la justice quel que soit son origine sociale, fraternité et donc solidarité sociale. Des conquêtes fantastiques par rapport à la situation de l’Ancien régime. Mais pas encore une réalité.
Aujourd’hui, où en sommes-nous ?
Des progrès encore en marche dans le domaine de la liberté, c’est évident pour les femmes. Liberté d’être entendues lorsqu’elles parlent, d’être soutenues et encouragées, pas encore tout à fait traitées avec égalité toutefois, mais ce sera sans doute le cas pour la génération de mes petites-filles.
Egalité ? Sur le plan juridique, sans doute, mais le monde moderne a largement élargi les inégalités : de lieu et de famille de naissance, d’accès à la formation intellectuelle et professionnelle, malgré la gratuité de l’enseignement, inégalité du lieu de résidence. Les géographes et les sociologues sont très forts pour nous dresser des cartes des régions qui comptent les pourcentages de votes protestataires extrêmes en fonction de la dépendance à la voiture, au type de commune disposant ou non de commerces de proximité, plus ou moins exposés à la pénibilité du travail.
Les écarts se creusent, ici comme ailleurs. On l’a vu aussi à la suite des décolonisations dans les pays redevenus indépendants … La haine mal contenue envers les « élites » est une constante jamais assouvie.
Il est pourtant des instants – fugaces – de fraternité et de bonheur collectifs tels que nous les vivons lors d’événements comme cette cinquième cérémonie sur les Champs-Elysées hier après-midi : l’enthousiasme des bénévoles, la fierté des champions, la fraternité enfin devant le kaléidoscope des athlètes où les personnes issues des outremers sont largement représentées, n’en déplaise aux angoissés du « grand remplacement ».
Une jeunesse plus tolérante à la différence, pleine d’énergie et de ferveur.
J’avoue mon inquiétude après cette parenthèse enchantée : je lis les commentaires sur les réseaux sociaux et suis atterrée devant le manque total de pertinence et la haine qui en émanent. Je sais bien que cela n’est pas une spécificité française mais l’expression est libre dans notre pays. Justement … et parfois jusqu’à l’odieux.
Finalement, je me demande comment il va falloir œuvrer pour raccommoder le tissu lacéré de notre société en souffrance. Et ce ne sont pas les mesures préconisées par certains qui vont suffire, qu’elle que soit leur amplitude, à satisfaire les rancoeurs accumulées depuis plusieurs décennies.
Ne boudons cependant pas notre émotion devant les incroyables trajectoires personnelles de ces champions olympiques et paralympiques qui doivent nous aider à tisser de nouveaux liens. Ce « triomphe » à la manière romaine leur est dédié, c’est légitime !