Parmi les 25 épisodes de la série des enquêtes de John Rebus aujourd’hui disponibles en français, j’en ai lu 13, et hélas dans le désordre. C’est donc la position hiérarchique de l’ « inspecteur » à l’instant T qui me sert de repère … et la récurrence des personnages. En particulier Siobhan Clarke, son ex-coéquipière, et le fureteur Malcolm Fox – parmi les gentils, et, parmi les méchants, Big Ger Cafferty et son second Darryl Christie.

Cet opus est daté de 2013. L’Ecosse est en campagne électorale pour le referendum sur l’indépendance qui doit se dérouler en septembre 2014. La police écossaise est en pleine réorganisation. Rebus, lui, a repris du service malgré son âge, mais à un grade inférieur, il est désormais sous les ordres de Siobhan.

Une nouvelle loi vient d’annuler le principe de prescription des crimes et cela donne l’occasion d’exhumer une affaire de violences policières vieille de trente ans, qui touche une équipe un peu musclée à laquelle Rebus venait d’être affecté. Une occasion de chercher des poux dans la tête de l’un des membres de l’équipe qui avait jadis accepté de porter le chapeau, démissionné de la police mais brillamment réussi dans les affaires et se fait le héraut du NON (favorable au maintien dans l’UK).

Rebus est donc confronté à Fox, qui boucle son passage aux « bœufs-carottes » avant de passer à la Crim. Mais justement, sur une affaire à multiples tiroirs – et qui comporte aussi un volet politique – les deux hommes vont faire équipe et se découvrir …

Au départ, un banal mais étrange accident de la route impliquant la fille d’un homme d’affaires. Elle a pour petit ami le fils du ministre écossais de la Justice, qui fait campagne pour le OUI. Et elle a pour colocataire une jeune étudiante qui a justement une aventure avec le père de son petit ami … Si ce n’était que ça.

Avec la réouverture – à l’initiative du procureur général - du dossier d’une bavure de l’équipe des « Saints de la Bible de l’Ombre », comme s’étaient baptisés les flics musclés, l’angoisse règne chez les survivants. Rebus les connaît mais n’était pas dans le secret à l’époque. Cependant, il va participer à son niveau aux deux investigations qui, comme le veut le genre, sont étroitement imbriquées …

Décidément, il me faut remettre les épisodes de cette incroyable série dans l’ordre. Mais j’ai toujours autant de plaisir à me promener dans la vieille SAAB enfumée de John Rebus, dans les embouteillages d’Edimbourg, les casses autos et les pubs, sous le crachin pénétrant de l’Ecosse, en compagnie de personnages si complexes, si réalistes, si « vrais » … Car au-delà de l’intrigue et de sa solution, c’est l’ambiance et l’humour des dialogues qui emporte le lecteur.

On ne réveille pas un chien endormi – Saints of the Shadow Bible – par Ian Rankin, traduit de l’Anglais par Freddy Michalski, Editions du Masque – en livre de poche, 567 p., 10€