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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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20 avril 2024

Apocalypse Amerika, thriller d'espionnage de Jean-Christophe Portes

Second volet – pour l’instant – d’un épisode de la Seconde guerre mondiale. Mais on peut tout aussi bien commencer l’histoire de Mo et Lizzie par celui-ci.

Quelles autres circonstances aberrantes aurait-elles pu provoquer cette rencontre improbable entre une jeune aristocrate britannique polyglotte, engagée dans les services secrets américains et Mo – les Yeux bleus, truand et proxénète corse, tenancier de boîte de nuit apparenté au clan Guerini mais héros dans les premiers instants de la guerre, si ce n’est le chaos de la France occupée sous la botte nazie ?

Nous avions laissé Mo, alias Maurice Ferrandi, se faire capturer, gravement blessé d’une balle dans le ventre en arrachant Lizzie des griffes de la Gestapo. Nous le retrouvons derrière les barbelés du sinistre camp d’internement de Compiègne-Royallieu, en attente d’un transfert imminent en Allemagne. Bien entendu, il ne pense qu’à une chose, se faire la Belle …

En ce mois d’août 1944, alors que les combats pour la libération de Paris continuent, Lizzie est engagée par les services américains avec pour folle mission de récupérer le savant atomiste Frédéric Jolliot-Curie et le fruit de ses recherches avant qu’il ne soit emmené en Allemagne pour y poursuivre ses travaux. Car Hitler n’a pas dit on dernier mot et fonde ses derniers espoirs de retourner le sort des armes en sa faveur à l’aide des V2 équipés d’ogives nucléaires. Quel projet sera le premier mis au point et mettra fin aux hostilités, quoi qu’il en coûte ? Manhattan ou Amérika ?

Le commando américain, avec Lizzie comme interprète - mais pas que - pénètre en Allemagne pour retrouver les savants atomistes avant qu’ils ne tombent aux mains de soviétiques. Parallèlement, Lizzie recherche Maurice qu’elle sait avoir été interné en camp de concentration, mais doute qu’il ait pu rester en vie. Ces derniers mois de guerre en terre allemande sont apocalyptiques mais cette histoire est fondée sur une solide documentation. En particulier, les relations difficiles entre Alliés et le peu de considération que portent les Américains au général De Gaulle ... suspect d'être trop proche des communistes.

Le suspens est constant, comme l’amour insensé qui lie ces deux personnages hors du commun, chacun dans leur genre. J’ai adoré !

 

Apocalypse Amerika, thriller historique d’espionnage de Jean-Christophe Portes, édité chez Hugo Thriller, 421 p., 19,95€

19 avril 2024

ABC des recettes disponibles, épisode 6 : les plats uniques pour une tribu

18 avril 2024

La vie politique en France - 1848 - 1879 par René Rémond

Je termine cet ouvrage – divisé en trois volumes lus dans le désordre -  éclairant les permanences de la vie politique de notre pays depuis 1789. Ici est relatée la période de la révolution de 1848 à la crise gouvernementale de 1879.

Elle comporte l’analyse des évolutions des idées politiques pendant quatre phases d’une histoire assez peu souvent évoquée parce que particulièrement complexe mais qui cependant a laissé des traces ineffaçables dans notre « psyché » politique : la Deuxième République, le Second Empire, la Commune, les premières années de la Troisième République. Un temps qui voit le franchissement d’une étape : celui du passage de l’oligarchie – une élite de la fortune et de la culture – à la démocratie – l’universalité des citoyens.

1848 : la révolution n’était ni anticipée, ni préparée. Soudaine révélation de l’usure du pouvoir, conviction qu’on ne s’oppose pas au peuple insurgé, absence d’une équipe de rechange, influence du Romantisme … Soudain, il n’y a plus rien : ni constitution, ni dynastie, plus aucune représentation du peuple souverain.

On commence par un gouvernement provisoire improvisé, qui légifère et gouverne « en même temps ». Mais voici l’innovation révolutionnaire : l’élection, pour la première fois en Europe, au suffrage universel (masculin). Plus aucune condition de revenu. La capacité de voter n’est plus une fonction (pour laquelle il fallait un certain nombre de prérequis) mais devient un droit. Seule condition : avoir 21 ans et résider depuis 6 mois dans la commune. Le corps électoral est multiplié soudain par 40 ! Et on décide de l’élection au suffrage universel du Président de la république.

Autre surprise : l’élection triomphale du Prince-président Louis-Napoléon par une masse conservatrice effrayée par les journées sanglantes de juin 1848 (1600 morts côté forces de l’ordre, 4000 côté insurgés). Restauration politique des droites coalisées, vote de protestation contre le personnel politique, pied de nez aux oligarchies, défaite de l’opinion éclairée.

Le nouveau régime s’appuie largement sur les dispositions très restrictives des libertés publiques prises par la deuxième république après les émeutes de février et le caractère dictatorial du régime s’accentue jusqu’au tournant de l’Empire libéral, de façon inattendue, en 1859 – 1860. L’empereur rétablit les libertés publiques, fruit de sa politique diplomatique, du traité de libre-échange, de sa position vis-à-vis des catholiques et face à l’unification de l’Italie. Mais il recourt périodiquement aux plébiscites pour affermir sa légitimité. Jusqu’au désastre de Sedan.

La Troisième république nait de de la déroute. A nouveau, le 4 septembre 1870, c’est le vide institutionnel. La Prusse exige une assemblée pour négocier et accepter les conditions de paix. C’est le premier scrutin libre depuis 20 ans, qui envoie au parlement une majorité massive de conservateurs.

Entre temps, la Commune de Paris fait sécession. Patriotisme blessé, déception républicaine face aux résultats de l’élection, malentendu entre Paris et la Province, choix de Versailles comme siège des pouvoirs publics, personnalité controversée d’Adolphe Thiers choisi comme chef de l’exécutif …

Il faudra quatre ans pour aboutir à un corpus cohérent de lois constitutionnelles, avec des constantes : les divergences insurmontables de la majorité, les querelles dynastiques, le rôle des centres, la progression des républicains. La dernière loi constitutionnelle fondant la république est votée le 30 janvier 1875 par 502 voix sur 616.

C’est une constitution parfaitement « orléaniste » …mais n’est-ce pas aujourd’hui encore, la nature profonde de notre tempérament politique ? Ou comment une constitution d’émanation monarchique a pu devenir le cadre d’une vie politique démocratique …

Je parle de 1875, pas de 2024, n’est-ce pas ?

Pour le troisième tome, cliquer ICI.

La vie politique en France 1848 – 1879, par René Rémond, de l’Académie française (1969/2006), collection Agora, éditions Pocket, Armand Colin, 413 p.

 

17 avril 2024

Voyager par procuration ...

Voilà, mes enfants sont tous revenus à Paris après leur semaine de vacances ...

Ils m'ont envoyé des images de leurs séjours et j'ai ainsi voyagé à travers eux, par la pensée, tout en restant bien au chaud à Paris.

Ils ont rencontré la tempête en Finistère, admiré la glycine juste éclose dans notre maison de Lot-et-Garonne, se sont reposés sous les cocotiers de la Martinique.

Je connais tous ces lieux et c'est un peu comme si moi aussi, à travers ces images, je me baladais hors de Paris.

Vive la technologie !

16 avril 2024

Une histoire de famille : la mienne

J’ai évoqué à maintes reprises le souvenir de mes parents, Jean et Lucie, dont l’amour a duré près de 70 ans jusqu’à ce que la mort les sépare. Tous les deux, ils me manquent toujours, comme ils manquent à leurs petits-enfants. Nous les admirions beaucoup. Il y avait de quoi.

En 1993, j’avais retranscrit leurs souvenirs, Maman racontant devant un magnétophone, Papa ayant décidé, à plus de 80 ans, d’écrire la première partie de sa vie sur des cahiers d’écolier.

J’ai intitulé ce récit : « Affaire terminée, j’arrive ! », titre dont vous saisirez la signification plus avant. Je le réédite aujourd’hui, car avec le transfert de mon blog sur une nouvelle plateforme, il a "disparu" de l'écran d'accueil, alors qu'à l'origine de ma décision de publier un blog, j'avais l'intention de faire connaître ce récit familial.

Comme jadis, j’ai respecté le « style » simple de deux êtres d’exception, mais qui n’avaient bénéficié que d’un enseignement sommaire – encore que Maman avait été reçue première du canton à l’examen du certificat d’études.
Voici donc ces deux faces d’une même vie, souvenirs entrecroisés d’un autre siècle…
Je souhaite que vous preniez autant de plaisir à les lire que moi-même à m’y replonger.

 

« Affaire terminée, j’arrive ! »

Chapitre 1 : Jean raconte

Afin de vous éviter de vous poser trop de questions sur moi, je vais essayer de vous communiquer tout ce qui me reste en tête de mes souvenirs. Tout d’abord, je suis né le 29 septembre 1910, un jeudi et non un dimanche, comme voulait me le faire croire ma mère, signifiant par là que c’est le jour des faignants. Cela se passait à Gap, Préfectures des Hautes-Alpes, au 16 de la rue du Centre où mon père, Joseph de son prénom, tenait magasin et entrepôts d’une entreprise de Travaux publics, et en particulier l’entretien des écoles et des bâtiments des Chemins de fer.

Mon père était né à Marseille le 21 août 1866 et avait deux sœurs, Anna et Blanche, celle-ci chanteuse à l’Opéra de Marseille. Je n’ai vu mon grand-père qu’une seule fois, ainsi que ma grand-mère, que je trouvais toute menue, alors que nous étions venus leur rendre visite dans leur appartement de la rue de Paradis où mon grand-père exerçait la profession de serrurier. Il nous montra la médaille de Meilleur Ouvrier de France que l’Etat lui avait décernée, puis, spécialement pour moi, les santons de Provence, de belle taille et bien rangés sur une armoire : c’était la première fois que j’en voyais de si beaux et leur aspect m’avait impressionné.

J’ai gardé un très bon souvenir de mon père, jamais en colère : il me semblait sévère, mais juste. Nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour dialoguer car il avait quarante cinq ans lorsque je vins au monde, et quand j’ai eu dix ans et plus, il avait de graves soucis. Ma mère, Henriette Bernard, est née le 3 décembre 1893 à Gap, et était donc de vingt sept ans sa cadette. Elle était très belle, mais certainement une femme-enfant. Les deux premières épouses de mon père ne lui avaient pas donné d’enfant…

Ma mère ne m’a pas semblé être une bonne gérante de la maison. Aussi de temps à autres éclatait un orage avec mon père et avec elle, nous partions, frères et sœurs par la main, chez ses parents, soit à la Côte saint André, soit à Culoz où son père était mécanicien de locomotive. Le séjour ne durait jamais longtemps car mon père venait nous rechercher, les bras pleins de cadeaux pour nous, et le retour était très agréable.

Gap était alors une ville de garnison. Dans les années 1914 – 1918, il y avait souvent des départs de renforts pour le front, et comme la caserne ne se trouvait pas éloignée de chez nous, j’entendais la musique militaire qui préludait à la cérémonie des adieux. Aussitôt, je sautais sur mon tricycle et Georgette ma sœur, de dix huit mois plus petite, montant debout sur l’essieu arrière et se tenant à mes épaules, nous partions, quelle que soit l’heure, le plus discrètement possible, direction : la musique…..Nous étions vite rendus à la caserne, puis c’était le départ vers la gare qui n’était pas non plus très loin, Pendant ce temps à la maison, c’était l’affolement car par-dessus le marché, nous revenions par des chemins détournés. Après plusieurs escapades, mon père arrivait directement à la gare, et c’était le retour à la maison, manu militari si l’on peut dire.

Pour le chapitre 2, c'est par ici !

 

 

15 avril 2024

L'année de la sauterelle, roman d'espionnage de Terry Hayes

Un seul adjectif : é-pous-tou-flant !

Mieux qu'un film à gros budget, mieux qu'un jeu video ultra violent, plus efficace qu'une excellente BD ....

Le Daily Mirror écrit : "Inutile de faire des projets pour les jours qui suivent le début de votre lecture"... c'est tout à fait ça, et bien davatage.

Des références ? Cedric Bannel, Frédéric Paulin, Joseph Kessel, Tintin au pays des soviets, George Orwell.

Un scénario à multiples rebondissements, une part de dystopie (le genre est à la mode), un héros solitaire à toutes épreuves, plus une présscience de ce que la géopolitique de la violence interétatique nous prépare ... et met en oeuvre aujourd'hui même au-dessus de nos têtes. L'hsitoire se déroule sur les principaux terrains d'affrontement des puissances : Daesch, l'Afghanistan, le Pakistan, l'Iran, la Russie.

Le rôle principal est tenu par la CIA, qui nous déroule tout le catalogue des techniques de surveillance mutuelle des forces en présence. Des attaques massives de drônes, de la cybersurveillance partout, des combats acharnés dans les sous-sols d'un hôpital improvisé ...

Presque 700 pages que l'on ne peut pas lâcher, avec en prime une belle histoire d'amour, des décors fantastiques. J'ai adoré, parcouru ce thriller avec gourmandise, presque pleuré parfois ...

Je vais attendre un peu de retrouver mon calme avant de me procurer le précédent roman de cet auteur qui fut le scénariste - entre autres - de Mad max 2.

L'année de la sauterelle, The Year of the Locust - roman d'espionnage de Terry Hayes traduit de l'anglais par Sophie Bastien-Foltz, édité chez JCLattès, 686 p., 23,90€.

 

 

14 avril 2024

ABC des recettes disponibles - épisode 5 ! les plats principaux

Les plats principaux :


Aiguillettes de canard sauce balsamique

Alouettes sans tête

Andouillettes grillées au feu de bois

Andouillettes à la plancha
Axoa du pays basque

Bavette à l'échalote

Bavette ou onglet à l'échalote confite et au vinaigre balsamique

Blancs de poulet, légumes confits
Blanquette de veau (classique)
Blanquette de veau de la Saint-Jean

Bœuf Stroganoff

Boulettes de viande à l’orientale
Boudin blanc à l'écrasée de potiron
Brochettes d’agneau à la marocaine
Brochettes de poulet "retour des îles"

Canard aux pommes

Canette rôtie en cocotte
Chapon de Noël en croute de pain

Carré d'agneau aux herbes

Carré d'agneau sous la couverture

Carré d'agneau pascal

Carré de cochon aux herbes cuit à basse température

Carré de porc en douce
Courgettes farcies

Cuisson de la côte de boeuf au four

Côtes de cochon aux pruneaux

Côtes de veau à la crème et aux champignons

Côtes de veau aux endives et oignons
Côtes de porc au Noilly Prat

Côtes de veau Ravaillac

Côtes de veau sauce moutarde

Croustillants d'aiguillettes de canard

Croquettes de poulet

Croquettes aux 3 viandes et aux épinards
Croque-Monsieur, comme au café
Délices d'agneau

Demi-lunes forestières

Effeuillé de confit de canard en gratin

Emincé de veau au curry

Epaule d'agneau rotie à la graisse d'oie

Escalope de veau à la saltimboca
Escalope de veau au citron et au mascarpone
Escalopes de veau sur fondue de poireaux

Escalopes de veau panées

Faux-filet de boeuf "churrasco" à l'argentine
Faisans aux pruneaux

Filet de boeuf au poivre

Filet de boeuf à la Wellington
Filet de boeuf sauce anchois

Filet mignon en blanquette
Filet mignon de porc à la sauce soja et au miel

Filet mignon de porc à la sauge
Filet mignon de porc à l'estragon
Filet mignon de porc à l'orange

Foie gras frais sur rizotto de champignons

Gigot de sept heures

Gigot d'agneau braisé

Gigot aux herbes, cuisson à basse température

Gigot (ou épaule) à la tapenade
Gigot d’agneau pommes boulangère

Gigot (tranches) à la crème d'ail
Gratin d'oeufs durs

Gratin de macaroni rose

Gratin de saucisse de Morteau

Grenadins de porc à l'orange
Grenadins de veau aux cèpes

Grenadins de veau au cidre

Hamburger au Cabecou
Hachis Parmentier

Hamburgers à l'ardèchoise
Hamburgers à la provençale

Involtini aux épinards et à la Ricotta

Keftas de boeuf ou de veau
Longe de veau à la crème

Magret de canard poêlé

Magret de canard en croûte de sel

Magret de canard poêlé-rôti

Magrets de canard grillés à la plancha

Magret de canard rôti à l'ail sur lit de lentilles vertes
Miroton de boeuf

Navarin d'agneau printanier

Nuggets de poulet à l'Emmental
Nuggets de veau au Parmesan

Onglet de boeuf sauce Roquefort
Osso buco milanaise

Palette de porc aux pois cassés

Paupiettes de veau

Paupiettes de veau aux girolles

13 avril 2024

Shopping d'été

Rien de tel que les beaux jours pour donner à nouveau envie d'écumer les magasins ...

J'avais besoin (disons : envie) d'un nouveau sac à main, avec pour critères de choix la légèreté, une grande bandoulière, un volume suffisant pour y glisser un dossier médical ...

Prétexte pour aller musarder au Bon Marché.

Naturellement, je suis allée regarder du côté de Louis Vuitton ... après tout le magasin est le vaisseau amiral du groupe LVMH que nous envie le monde entier ...

Mais je n'ai plus besoin de frimer aujourd'hui en me trimballant avec des marques bien en vue, ce qui peut aussi susciter des convoitises dans notre monde de brutes. Et puis les prix ne m'apparaissent plus raisonnables.

En fait, j'ai tout de suite flashé sur un modèle très simple (le numéro 182), en toile écrue et cuir, ultra léger, avec une fermeture éclair de sécurité ... L'argument massue : une fabrication française dans une usine située à Carcassonne. La marque : L/UNIFORM.

Du coup, comme il était presque midi, je suis allée déjeuner au restaurant situé juste au-dessus de la Grande épicerie ...

Clientèle de jeunes professionnels branchés, de dames d'un certain âge ... et tous élégants et friqués.

Le calme y règne, sous la verrière arborée ... J'ai choisi un filet de maigre rôti avec huile d'olive, suprêmes de citrons, câpres et tronçons de poireaux grillés ... léger, parfaitement "régime", sauf le frais verre de bergerac Blanc cuvée Conti ... un peu de luxe ne nuit pas de temps en temps.

"La table", 38 rue de Sèvres 75007 Paris,

L/UNIFORM - Boutique 1 quai Voltaire Paris 7ème, 01 42 61 76 27

Domaine Albert de Conti, AOP Bergerac

12 avril 2024

Le temps des loups, L'Allemagne et les Allemands (1945 - 1955) par Harald Jähner

Lors de mon entrée en sixième (en 1957), mon père m’avait inscrite en allemand LV1, car ancien combattant, il pensait que si nous nous étions mieux compris, nous ne nous serions pas aussi souvent « foutus sur la gueule" avec les Allemands.

C’est pourquoi, dès 1960 et les étés suivants, j’ai passé des semaines dans une famille allemande de Marburg pour y parfaire l’apprentissage de la langue … Le père avait lui aussi connu la guerre : engagé volontaire avant l’âge légal, il avait été blessé sur le front russe, mais il s’était rendu compte du bourrage de crâne qu’il avait subi comme tous les jeunes allemands de sa génération, avait dû interrompre ses études et, s’étant procuré un appareil photo, il avait commencé à gagner sa vie en tirant le portrait des survivants de Berlin au milieu des décombres. Je n’ai jamais oublié ces échanges et je suis encore aujourd’hui en lien fraternel avec ma correspondante de l’époque, devenue une photographe renommée : Karen Ostertag

Je reste donc très attentive à tout ce qui paraît sur l’évolution de notre puissant et proche voisin … et lis avec intérêt tous les auteurs qui parlent de cette période de l’après-guerre …

Cet ouvrage est passionnant : comment ont vécu les survivants – et surtout les femmes - au milieu des monceaux de ruines, les exactions des vainqueurs, en particulier les soviétiques – mais pas que – comment les Allemands ont refoulé la culpabilité collective – une génération entière taisant la Shoah - comment les autorités d’occupation (de l’Ouest et de l’Est) ont procédé à la dénazification, le silence de toute une génération – mais la révolte surgira de leurs enfants -  le rôle de la Presse, la renaissance de la culture, la renaissance de l’économie avec la réforme monétaire de 1948 …

Nous ne pouvons pas nous représenter comment ce peuple a vécu les lendemains de la capitulation sans conditions, l’humiliation, la partition, l’occupation et le relèvement des ruines : l’afflux immense des personnes déplacées puisque les derniers camps de réfugiés ne furent démantelés qu’en 1966, le retour des prisonniers totalement « démonétisés », l’instinct de survie qui élimine les sentiments de culpabilité, une société en train de se reconstruire, y compris dans le déni.

L’importance des femmes pendant le conflit et la reconstruction physique et morale d’un pays où manquent 5 millions d’hommes morts au combat et encore 6 millions retenus en captivité. En 1950, on compte encore 1362 femmes pour 1000 hommes. Les 2/5èmes des classes 1920 – 1925 manquent à l’appel.

Les viols – l’ouvrage cite plusieurs fois le livre « Une femme à Berlin », le marché noir où la cigarette est devenue monnaie d’échange. Tout le monde chaparde, « organise » pour survivre, y compris avec l’indulgence des prélats. Entre dirigisme étatique de gestion de la pénurie et liberté anarchique d’un marché débridé : une synthèse avant l’heure de l’économie sociale de marché d’après 1948.

Une constatation : l’économie de guerre mise en œuvre par le troisième Reich pour nourrir le conflit a été largement épargnée et a constitué une base solide pour la reprise de l’industrie allemande …

La politique de dénazification sur laquelle se sont entendus les Alliés puis les lois d’amnistie ont permis le recyclage d’un grand nombre de responsables en charge de la reprise économique. Car la réintégration sociale des « suivistes » était aussi nécessaire qu’inévitable à la mutation de la population d’après-guerre en collectif de citoyens de la république fédérale.

Un livre édifiant, abondamment illustré, mais qui ne répond toujours pas à ma quête personnelle : comment un peuple aussi éduqué a-t-il pu se laisser circonvenir par les sirènes du national-socialisme et procéder à de tels massacres ?

Le temps des loups – Wolfzeit – L’Allemagne et les Allemands (1945 – 1955) par Harald Jähner, traduit de l’allemand par Olivier Mannoni, éditions Actes Sud, 360p., 24,89€

11 avril 2024

La vie politique en France, 1789 - 1848 par René Rémond

Après avoir (re)découvert le premier ouvrage du professeur d’histoire René Répond publié en 1965 chez Armand Colin, à travers le troisième tome de la série, je remonte à sa source.

Les origines de notre vie politique contemporaine prennent donc racine avec la réunion, en mai 1789, des Etats généraux convoqués par Louis XVI pour résoudre (déjà !) le déséquilibre des finances publiques … comme par hasard après le soutien très coûteux à la guerre d’indépendance américaine …

On connaît l’enchaînement des événements et comment cette réunion de représentants s’est proclamée Assemblée nationale. René Rémond analyse ses premières décisions, les caractéristiques du fonctionnement de cette assemblée où tout est à inventer.

Tout est genèse : le fonctionnement des élections, les parlementaires (qui est électeur, qui est éligible ...) , les clubs, les militants : qui sont-ils, quel est leur action réelle dans la marche de la Révolution, leurs leaders, la portée de leurs actions, le rôle de la rue, les facteurs internes et externes des explosions de violence meurtrière, leur représentativité ?

Car le taux de participation a toujours été très faible, même parmi les « élus » du suffrage censitaire (jamais plus de 8% des membres des sections participent aux délibérations). Leur ressort : l’ambition personnelle, faire l’important, exercer un pouvoir, échapper à l’ennui ou à l’isolement …

Un caractère essentiel différencie cette assemblée très nombreuse des précédentes réunions des Etats : elle se proclame permanente, comme l’est le roi, et non plus intermittente. Sa préoccupation est de se prémunir contre la dissolution. Elle délibère tous les jours à raison de deux séances quotidiennes.

En revanche, les députés n’ont aucune expérience : à chaque renouvellement, on exclut de l’éligibilité les sortants. L’inexpérience règne, la présidence est élue pour 15 jours, un mois pour le Directoire. Tout est à inventer, on tâtonne.

Progressivement, se met en place un système qui concilie la séparation des pouvoirs et leur indépendance avec le nécessaire contrôle de la marche du gouvernement. Mais on sauvegarde avant tout l’indépendance individuelle des députés, qui exclut tout mandat impératif : on proscrit l’idée de discipline de parti ou de groupe parlementaire.

La seconde période, celle de la Restauration, marquée profondément par la lutte ente l’ultracisme et le libéralisme, est déjà plus conforme à ce que nous connaissons de la vie politique contemporaine.

Les mécanismes du jeu parlementaire sous le régime de la Charte constitutionnelle octroyée par Louis XVIII après la chute de Napoléon - pendant le règne duquel toute vie politique entre en sommeil - se mettent en place, la Presse malgré toutes les contraintes que le pouvoir royal cherche à lui imposer joue un rôle éminent.

Le livre raconte une histoire passionnante, mais met aussi sous les yeux des lecteurs les textes illustrant le propos. C’est donc aussi un manuel d’histoire des idées politiques. On peut « sauter » ces passages, mais leur lecture est enrichissante.

Je mesure l’avantage d’avoir le temps de me replonger dans une histoire écrite il y plus de 60 ans, et qui éclaire de façon si compréhensible les tendances de notre vie politique actuelle. Et maintenant que j'ai dévoré les volumes 1 et 3, il me reste à me procurer le tome 2 consacré à la période 1848 - 1879 ... A bientôt !

 

La vie politique en France 1789 - 1848, par René Rémond, de l’Académie française, éditions Agora (2005), 470 p. format Pocket.

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